Publication 8 novembre 2017
Violences sexuelles et pouvoir des réseaux sociaux
Chronologie d’un mouvement en ligne d’envergure mondiale…
- Tout commence le 5 octobre après les révélations du New York Times sur les accusations dont faisait l’objet Harvey Weinstein. C’est alors que naissait aux Etats-Unis un mouvement massif de mobilisation en ligne contre les agressions sexuelles envers les femmes. Sous le hashtag #MyHarveyWeinstein, les victimes étaient invitées à dénoncer leur prédateur sexuel sur Twitter.
- Le 13 octobre, la journaliste française, Sandra Muller, profitait de cet élan pour lancer un appel, #BalanceTonPorc sur Twitter, invitant les Françaises à briser la loi du silence et à révéler, elles aussi, le nom de leur(s) agresseur(s) (En savoir plus).
- Le 16 octobre, Alyssa Milano, actrice américaine victime de H. Weinstein, publiait sur son compte Twitter le message « me too (moi aussi) » . Ce mouvement prenait le relai sur la toile et appelait les femmes du monde entier à manifester leur(s) mauvaise(s) expérience(s), sans nécessairement nommer leur(s) auteur(s) (En savoir plus). L’objectif ? « Montrer combien les agressées sont nombreuses » , et ainsi « rendre compte d’une glaçante réalité trop souvent tue » .
- À la date du 24 octobre, la mention #MeToo aura été tweetée plus de 1,7 millions de fois à travers 85 pays dans le monde (En savoir plus). En Italie, la mobilisation se matérialisait via le hashtag #QuellaVoltaChe (#LaFoisOù), en Israel avec גםאנחנו# (#NousAussi), en Allemagne avec #keineKleinigkeit (#PasUneBroutille), ou encore en Espagne avec #YoTambién (#MoiAussi).
Qui fait bouger les lignes politiques de notre monde physique
[En France]
- #MeToo sort du web 2.0 pour aller à la rencontre de la vraie vie : Alors que les témoignages de victimes affluaient sur les réseaux sociaux, la journaliste Carol Galand lançait un appel à manifester pour « faire de #MeToo autre chose qu’un buzz sur les réseaux sociaux » (En savoir plus). C’est ainsi que le dimanche 29 octobre, plusieurs manifestations ont été organisées partout en France pour « libérer la parole » des victimes et « sensibiliser l’opinion publique sur l’ampleur des abus subis » (En savoir plus).
- Vers un projet de loi en 2018. En parallèle de ces événements, Marlène Schiappa, Secrétaire d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes, annonçait le dépôt en 2018 d’ « un projet de loi contre les violences sexistes et sexuelles » . Au titre des évolutions législatives à venir, ce texte devrait « verbaliser le harcèlement de rue » , « allonger la prescription des crimes sexuels sur mineurs » ou encore « créer une présomption de non-consentement pour les enfants » (En savoir plus).
[En Islande]
- Les femmes font démissionner leur Premier ministre et abroger un texte controversé. Avant même le mouvement américain #MyHarveyWeinstein, les Finlandaises s’étaient mobilisées durant l’été pour dénoncer « la banalisation des violences envers les femmes » dans leur pays. Moins médiatisé que #MeToo, les Islandaises s’étaient emparées du hashtag « #höfumhátt » (« prenons la parole ») sur les réseaux sociaux afin de « faire entendre leur voix et provoquer la chute du gouvernement » . Mais aussi pour obtenir l’ « abrogation partielle et temporaire » d’un ancien texte controversé revenu, avec certaines affaires, sur le devant de la scène publique : la législation sur la « restauration de l’honneur » qui est « censée rétablir les condamnés dans leurs droits civiques » (En savoir plus).
[Au niveau européen]
- Le parlement européen se (re)saisit de la question. À la suite de cette vague de mobilisations, le Parlement européen a relancé « son appel de 2014 » visant à proposer des « recommandations à la Commission [européenne] sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes » . Dans un communiqué de presse intitulé « Tolérance zéro face au harcèlement et aux abus sexuels » en date du 26 octobre 2017, le Parlement européen :
– Demande « une stratégie et des règles européennes contre toutes les violences basées sur le sexe »
– Souhaite « des mesures pour lutter contre le faible taux de signalement, en particulier par les plus vulnérables » ;
– Lance « un appel pour créer un comité d’experts indépendants chargé d’examiner la situation au Parlement européen ».
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