Publication 13 mars 2019

Application Stop Bashing et lutte contre le cyber-harcèlement des mineurs, avec Anne-Sophie Bordry

Interview de Anne-Sophie Bordry, Présidente de Medicis Web et fondatrice de l’application Stop Bashing !

Pouvez-vous nous présenter l’application Stop Bashing ! ?

Stop Bashing ! est la première application smartphone de lutte contre le harcèlement des enfants et adolescents. Lancée en France, en Italie et aux États-Unis, elle fonctionne comme une boite fermée de dialogue enfants/parents ou proche de confiance, par image, permettant aux mineurs de signaler un contenu choquant de façon immédiate et de solliciter une personne de confiance, une interprétation afin de comprendre ce qui relève ou non du harcèlement, qui est une notion principalement caractérisée par la répétition.

Quand l’enfant veut éviter le face à face avec un adulte, qu’il ne sait pas trouver les mots pour exprimer un malaise ou une interrogation, il peut utiliser Stop Bashing !. Ainsi, même s’il ne trouve pas les mots pour caractériser ou décrire une situation, il envoie l’information brute qu’il a reçue, qui le dérange, et la réponse de l’adulte qui est un simple smiley de couleur lui permet de comprendre la situation en douceur (les smileys répondent au code couleurs universellement connu par tous les enfants, à savoir le code couleurs des feux de la circulation). Cela se matérialise par l’envoi d’une copie (capture d’écran) du contenu choquant que l’enfant a reçu ou vu (un commentaire, une photo ou un mail) à l’adulte de confiance présent dans l’application. Cela permet donc de lutter contre la loi du silence et l’enfant peut adopter une posture active en temps réel, car il sait quelle attitude adopter, comment réagir face au contenu choquant. Si l’enfant le souhaite il peut, grâce à l’application, contacter le 3020, le numéro d’aide opéré par l’Éducation Nationale ou encore, en cas d’urgence contacter directement le 112.

Comme il est impossible à un grand frère, sœur ou parent de suivre la vie et les usages Internet des enfants à chaque instant, l’idée est de leur donner un outil qu’ils peuvent utiliser en cas de doute. Stop Bashing ! est positionné à l’inverse du contrôle parental, il répond aux problèmes des relations entre amis, les insultes et moqueries entre élèves. Il n’existe pas de contrôle parental sur les smartphones, or plus de 99% du harcèlement provient de l’usage des smartphones.

L’application s’adresse au premier usage « mon premier smartphone avec Stop Bashing ! ». Je viens également de lancer un design adolescent pour que les enfants puissent grandir avec l’appli en soutien à leur vie connectée.

Pourquoi avez-vous lancé cette initiative ?

L’Internet mobile participe aujourd’hui incontestablement à la construction de l’identité et de la personnalité des enfants. C’est pourquoi j’ai lancé cette initiative gratuite pour offrir un outil de dialogue, d’aide et d’éducation des enfants qui puisse correspondre à leur environnement, leur vie connectée. Les mineurs sont un public sensible dont les usages sont souvent imprévisibles et permanents. Apprendre à vivre dans cet environnement nécessite notre attention. J’ai voulu créer cette appli, cet outil éducatif, pour aider à lutter contre le harcèlement des mineurs, un fléau qui touche plus de 2 millions d’enfants.

Des études révèlent que les parents habituent leurs enfants aux téléphones et tablettes dès l’âge de six mois. La tendance aux Etats-Unis indique que plus de 63% des enfants de moins de 8 ans utilisent un téléphone mobile connecté à Internet. Le couple Obama a lancé un programme « bullying prevention« , Madame Mélania Trump ainsi que Madame Brigitte Macron se sont engagées dans la lutte contre ce fléau.

Il devient essentiel d’accompagner la croissance du taux d’équipement en téléphonie mobile connectée par plus d’outils d’accompagnement et d’information sur les bonnes pratiques et la lutte contre le cyber-harcèlement.

Selon vous, quel rôle les parents devraient-ils jouer pour accompagner leur(s) enfant(s) sur la problématique du cyber-harcèlement ?

Aucun enfant ne connait la définition du harcèlement. Seul un adulte peut l’aider à le discerner, l’évaluer et l’appréhender. Ainsi, je crois que les parents, comme aussi l’encadrement scolaire, ont un rôle essentiel dans l’accompagnement du développement des enfants. L’univers connecté dans lequel nous vivons de plus en plus ne doit pas isoler les enfants vis-à-vis des adultes ou même de leur(s) frère(s) et sœur(s).

Grâce à Internet, ils ont sur leur smartphone une fenêtre sur le monde mais celle-ci doit impérativement être accompagnée au mieux.

L’amplification de la loi du silence liée à l’usage du mobile peut mener aux pires situations, comme les tentatives de suicide qui arrivent de plus en plus jeune.  Le mal-être des mineurs dans les cas de harcèlement transforme le développement de l’enfant, sa santé mentale et engage des troubles multiples. C’est pourquoi la vigilance de la part d’adultes, de proches, est importante pour en déceler les symptômes (alimentation, sommeil, anxiété, etc.).


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