Publication 6 septembre 2017

Sensibilisation des jeunes aux risques et enjeux du numérique, avec Cyril Di Palma

Délégué général de l’association Génération Numérique.

Interview Cyril Di Palma, Délégué général de l’association Génération Numérique.

Présentez-nous votre association. Quelles sont les principales actions menées ? 

L’association Génération Numérique intervient principalement auprès des publics jeunes (8-20 ans) pour les informer et les sensibiliser aux enjeux et aux risques liés à l’utilisation des outils numériques autour de trois axes majeurs : les pratiques numériques courantes (la recherche d’infos, les réseaux et médias sociaux, le téléchargement et le streaming, les jeux vidéos), la sexualisation des messages médiatiques auxquels les ados sont confrontés et leur influence sur leur construction (la vision de la femme et de l’homme dans les médias traditionnels, sur Internet et dans la publicité, l’évolution des pratiques de séduction des jeunes) et, enfin, la production de contenus et l’accès à l’information (la réception de l’information et les biais, les effets trompeurs, les techniques narratives, l’alter et la ré-information). Pour mieux accompagner les publics jeunes, il faut que les adultes et notamment les parents soient eux-mêmes aidés pour mieux comprendre le monde numérique dans lequel leurs enfants évoluent. Dans cette perspective, Génération Numérique proposera aux entreprises, d’ici la fin de l’année, que leurs salariés suivent un cycle de sensibilisation au numérique domestique afin de pouvoir devenir des parents plus sereins.

Pour la 2ème fois cet été, Génération Numérique animait avec YouTube le projet « Toi-Même, Tu Filmes (#TMTF) », pouvez-vous nous dire en quoi consiste cette initiative ?

TMTF est une action de terrain créée pour aiguiser l’esprit critique des jeunes face aux discours de haine et leur donner les outils et compétences nécessaires et créer des films sur le thème de la fraternité. Génération Numérique, en tant qu’association experte des écrans et des usages numériques, a contribué à la création des contenus et des supports utilisés et apporte quotidiennement son concours en animant les ateliers destinés aux jeunes : nos intervenants expliquent aux jeunes le processus de fabrication d’une information, les sensibilisent au décryptage des images et aux techniques utilisées par les conspirationnistes et par les porteurs des messages de haine. Il s’agit à la fois d’expliquer aux jeunes des éléments d’analyse comme les 5W (What, Who, Where, When, Why) et de les mettre en pratique en créant avec eux des exercices de rédaction d’un article. Ensuite, les jeunes suivent un atelier pour leur donner les outils et compétences nécessaires pour raconter en vidéo leur vision positive de la fraternité.

Selon vous, comment l’école peut-elle faire face à la propagation des discours de haine en ligne ?

La clé de cette situation réside dans l’éducation : tous ensemble, nous devons faire comprendre aux jeunes générations qu’à notre époque tout un chacun peut créer des contenus et les diffuser largement, que la rigueur et la déontologie des professionnels de l’information – les journalistes et les organes de presse – ne s’imposent pas aux autres internautes et que, en conséquence, tout ce qui se trouve sur Internet n’est pas forcément vrai. De plus, les outils et techniques se sont simplifiés au point que n’importe qui peut faire un astucieux montage, réaliser des incrustations, créer un habillage sonore… bref recourir à des techniques accessibles pour appuyer leurs propos parfois haineux. Enfin, quand nous recevons des informations, nous les percevons tous à l’aune de notre propre éducation, de notre environnement et aussi des raccourcis que fait notre cerveau pour les appréhender : il faut se connaitre pour ne pas être la victime des biais cognitifs et de raisonnement qui influencent notre perception et notre analyse de manière inconsciente.


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