Publication 7 février 2018

Se défendre contre la pensée radicale, avec Thomas Bouvatier

Psychanalyste et président de l’association Autonomisation Citoyenne

Interview de Thomas Bouvatier, Psychanalyste et président de l’association Autonomisation Citoyenne.

Présentez-nous votre association. Quelles actions conduisez-vous ?

Les idéologies s’affrontent trop souvent sur la question de la radicalisation, parasitant ainsi l’efficacité de son traitement. L’association AC s’attache à faire comprendre, de la manière la plus neutre qui soit, les raisons psychologiques de la radicalité et de la radicalisation, en prenant en compte leur degré d’importance et leur expression spécifique. Nous voulons aussi promouvoir les bénéfices de plus d’autonomie pour prévenir la dépendance des individus à l’égard de ces ensembles néo-familiaux qui cherchent à les prendre entièrement en charge au détriment du vivre ensemble.

En psychanalyse, qu’est-ce que la radicalisation ?

J’ignore s’il y a une définition officielle de radicalisation en psychanalyse. Celle que j’en donne est l’intégration de type fusionnel d’un individu dans un groupe qui se présente comme une nouvelle famille. Il y perd ses traits individuels et entre dans un processus sacrificiel pour prouver la pureté de son engagement, en vue d’une promesse d’absolu. Tout ce qui y fait obstacle, comme ce qui représente l’altérité ou la raison, doit alors être détruit. Une telle intégration fusionnelle est rendue possible par la rencontre entre une entreprise de séduction engagée par une personne ou un ensemble de personnes radicalisantes, et un terrain propice à la radicalité chez l’individu.

Comment se défendre individuellement et collectivement contre la pensée radicale ?

  • Connaître et reconnaître les premiers signaux de la radicalisation afin de pouvoir agir à temps.
  • Comprendre les bénéfices nombreux et toxiques de la radicalisation pour saisir l’attraction des groupes radicalisants et la notion de choix individuel dans ce processus.
  • Bien intégrer les règles identiques aux différentes formes de radicalisations pour éviter de ne se concentrer que sur une seule, ce qui peut être source de stigmatisation.
  • Saisir sa propre radicalité pour éviter de répondre à la radicalité par une autre, où chacun tend une vérité absolue.
  • Éviter la logique partisane, clivante et tout ce qui se présente comme incarnant le camps du bien contre celui du mal.
  • Enfin, bien comprendre les bénéfices qu’il y a à avoir un esprit plus critique, une pensée plus complexe, un accueil plus grand de l’altérité et une plus grande autonomie en général.

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