Publication 16 mars 2018

Prévention de la radicalisation sur Internet, avec Muriel Domenach

Secrétaire générale du Comité Interministériel à la Prévention de la Délinquance et de la Radicalisation (CIPDR)

Interview de Muriel Domenach, secrétaire générale du Comité Interministériel à la Prévention de la Délinquance et de la Radicalisation (CIPDR).

Pouvez-vous nous présenter le CIPDR en quelques mots ?

Le Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR) s’est réuni sous la présidence du Premier ministre le 23 février à Lille, pour adopter le plan « prévenir pour protéger » de prévention de la radicalisation, annoncé par le Président de la République cet automne. 10 ministres ont participé à cette réunion, précédée de visites de terrain. La mission du CIPDR est donc de fixer les orientations de la politique gouvernementale en matière de prévention de la délinquance et de la radicalisation. L’équipe de son secrétariat général, que je dirige, est interministérielle. Elle décline les orientations en comité, en associant les partenaires de terrain, institutionnels (préfectures, collectivités territoriales, etc.) ou issus de la société civile (intervenants du travail social et autres acteurs de la prise en charge préventive, activistes en ligne, etc.).

Le plan national de prévention de la radicalisation vient d’être annoncé par le Premier ministre. Quels sont les principaux objectifs concernant le volet Internet ?

Internet n’est bien sûr pas la cause de la radicalisation. Mais Internet est un relais, un multiplicateur. C’est donc un axe essentiel de notre plan « prévenir pour protéger ». Pour protéger les jeunes sur Internet, le Président de la République, avec la Première ministre britannique mobilisent la communauté internationale pour travailler avec les acteurs de l’Internet : sur le retrait des contenus de haine et djihadistes en moins d’un heure après leur mise en ligne grâce à la mise en place d’outils automatiques d’identification et de retrait ; mais aussi pour lutter contre l’enfermement algorithmique et former les acteurs du contre discours. Les acteurs du web soutiennent la diffusion sur leurs plateformes de messages issus de la société civile. Car, si l’État et les institutions doivent jouer leur rôle, notamment pour le signalement des contenus terroristes et des jeunes radicalisés, c’est la société civile qui peut le mieux produire, diffuser, et ajuster un contre discours efficace face à la radicalisation.

Pourquoi le contre-discours en ligne est-il important en matière de prévention de la radicalisation ?

Les djihadistes utilisent Internet pour nous livrer un combat culturel. En face, nous devons activer les anticorps d’une société de responsabilité : éduquer aux médias et à l’information, favoriser la culture du débat et de l’esprit critique, mais aussi encourager un contre discours qui pianote sur plusieurs registres (humoristique, artistique, religieux) porté par différents intervenants (intellectuels, sportifs, militants internautes…). C’est l’affaire de tous.


Sur le même sujet