Publication 13 juin 2018
Le numérique en faveur du vivre ensemble, avec François-Xavier Demoures
Présentez-nous votre association. Quelles actions conduisez-vous en particulier ?
More in Common est une nouvelle initiative internationale présente au Royaume-Uni, en France, aux Etats-Unis et en Allemagne. Elle est née en 2015, au moment de la crise des réfugiés. En menant des enquêtes d’opinion pour comprendre pourquoi les Européens étaient aussi réticents vis-à-vis des migrants, nous avons découvert que le malaise était plus profond : nos sociétés se demandent ce qu’elles ont encore à faire ensemble et ce qui les unit. Le refus de l’hospitalité est le symptôme d’une tentation du repli – social, culturel, identitaire – Nous voulons immuniser nos sociétés contre cette tentation, en faisant émerger un nouveau récit collectif et en donnant aux gens que tout semble opposer des occasions de se rencontrer et de partager des expériences communes. Nous travaillons sur ces deux axes, en portant des projets pilotes avec des partenaires. Nous venons par exemple de publier une grande enquête sur les perceptions et attitudes des catholiques vis-à-vis des migrants (disponible ici). Nous avons aussi testé des dispositifs pour améliorer l’expérience de la rencontre, dans le cadre de la Fête des Voisins.
En quoi les réseaux sociaux renforcent-ils la polarisation du débat public ?
On accuse volontiers les réseaux sociaux de tous les maux. Ils ne sont pourtant qu’une caisse de résonance des divisions qui existent déjà dans la vie réelle. Ils posent en réalité un double problème. D’une part, ils masquent l’ambivalence, pourtant dominante dans l’opinion publique. D’autre part, ils nourrissent une culture du clash, qui n’offre aucune autre issue possible que l’écrasement de l’adversaire ou sa reddition pure et simple. Or, vivre ensemble, c’est être aussi capable d’entendre et d’accepter que l’autre ne pense pas comme soi, d’en débattre, d’acter des désaccords et de dessiner des compromis.
Comment mobiliser le numérique en faveur du vivre ensemble ?
Le numérique est un outil inégalé d’engagement des individus, en particulier pour toucher ceux que l’on n’entend pas et que l’on ne voit pas. Il permet aussi l’émergence de nouveaux prescripteurs, ce qui contribue à partager le pouvoir et à faire entendre des récits alternatifs à ceux qui dominent le débat public. Plus nous serons collectivement formés à ses atouts et à ses limites, plus son usage aura de la portée. Raison de plus pour favoriser une éducation aux médias de qualité.
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