Publication 11 avril 2018

Les médias luttent contre la désinformation

Alors que la problématique Fake News ne cesse de prendre de l’ampleur dans le débat public, les initiatives se multiplient pour tenter d’endiguer le phénomène. Ce mois-ci, SERIOUS.LINKS revient sur les nouveaux dispositifs collaboratifs annoncés par les médias en vue de lutter contre la désinformation, enjeu au cœur d’un secteur en crise.

Le référentiel pour labelliser les médias dits de confiance.

Pour agir contre les troubles informationnels, Reporters Sans Frontières et ses partenaires, l’Agence France-Presse, l’Union européenne de radio-télévision et le Global Editors Network ont décidé de s’engager, le 3 avril 2018, dans une démarche d’autorégulation avec les acteurs du secteur des médias. Cette initiative, nommée « Journalism Trust Initiative », consistera à créer « un référentiel pour le journalisme sous la forme d’indicateurs sur la transparence des médias, l’indépendance éditoriale, la mise en œuvre de méthodes journalistiques et le respect des règles déontologiques ». Ces standards seront ensuite validés en concertation sous l’égide d’organismes spécialisés dans la normalisation. Avec ce dispositif, l’ambition est de donner « un avantage réel à tous ceux qui produisent des informations de manière fiable, quel que soit leur statut ». Cette certification permettra « une distribution et un traitement privilégiés par les algorithmes des moteurs de recherche et des réseaux sociaux, avec pour résultat une meilleure visibilité, une plus grande portée et de plus importantes recettes publicitaires » (En savoir plus).

Le podcast pour une nouvelle alliance entre journalisme et connaissance.

Afin de combattre le « relativisme ambiant » dans le domaine scientifique, FranceInfo et France Culture, les deux radios de service public, ont décidé d’unir leurs forces en proposant un podcast qui  sera diffusé sur les deux antennes chaque semaine, à partir du 30 avril prochain. La démarche consistera à partir d’un sujet scientifique faisant l’actualité (sécurité alimentaire, changement climatique, vaccination, etc.) pour faire débattre « les experts les plus qualifiés » en la matière. Ce podcast prendra deux formes : une capsule courte de 1 minute 30 sera distribuée sur FranceInfo et un format plus long de 10 minutes sera diffusé sur l’antenne de France Culture (En savoir plus). Précisons que cette initiative s’inscrit dans une nouvelle stratégie de la part de FranceInfo qui avait déjà annoncé précédemment la création d’une méthode de « certification de l’information » grâce à une rédaction de dix-sept journalistes/factcheckers, ainsi qu’un processus de « certification de l’expertise » par la création  d’un conseil scientifique, composé quant à lui de sept experts (En savoir plus).

Le partenariat YouTube-Wikipédia pour lutter contre les complots.

La Président directrice générale de YouTube, Susan Wojcicki, a déclaré que 2017 avait été une année « compliquée et pleine de défis [liés aux Fake News] » pour la plateforme vidéo. Pour répondre à ce challenge, elle a annoncé une alliance à venir avec l’encyclopédie collaborative Wikipédia. Concrètement, YouTube intégrera des contenus issus de Wikipédia à côté des vidéos complotistes « qui font l’objet de discussions actives sur YouTube » (En savoir plus). Toutefois, certains émettent déjà des réserves, notamment sur son efficacité. Tout d’abord, la Fondation Wikimédia elle-même (en charge de l’encyclopédie) dit ne pas être au courant de ce partenariat et profite pour rappeler que cette réutilisation du travail gratuit de Wikipédia risque de se faire sans contrepartie financière pour l’encyclopédie. En effet, bien qu’il n’y ait pas d’obligation pour YouTube en l’espèce, Wikimédia précise que la pérennité de l’outil repose essentiellement sur les donations de ses contributeurs (En savoir plus). Aussi, d’autres doutent de l’efficacité de cette alliance, car les contenus Wikipédia peuvent comporter des erreurs, que la démarche vise seulement une partie des vidéos complotistes, que cette visibilité nouvelle pourrait inciter les afficionados des complots à se mobiliser pour modifier le contenu des pages Wikipédia, ou encore que le véritable problème se situerait davantage au niveau de l’algorithme de recommandation (ce dernier n’étant pas touché par ce nouveau dispositif) (En savoir plus).


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