Publication 10 juillet 2019

Lutte contre les infox et projet InVID, avec Denis Teyssou

Interview de Denis Teyssou, responsable éditorial du Medialab R&D de l’Agence France Presse (AFP).

Pouvez-vous nous présenter le Medialab de l’AFP en quelques mots ?

Le Medialab de l’AFP est une cellule de Recherche & Développement qui participe à des projets d’innovation européens et français dans le domaine des technologies de l’information et de la communication (TIC) appliquées au journalisme et à l’information. Nous en sommes à une douzaine de projets dans le domaine du web sémantique, de la recherche d’information multimédia, du traitement automatique du langage, de la transcription de la parole et bien sûr la lutte contre les infox qui est devenue en quelque sorte ces trois dernières années notre spécialité.

En 2017, vous avez lancé le projet InVID pour aider les journalistes dans la vérification des vidéos et informations. En quoi consiste-t-il ?

LEn 2017, nous avons publié une extension de navigateur (utilisable sur Chrome, Firefox et Opéra) dans le cadre du projet européen InVID (2016-2018) qui permet aux journalistes, aux fact-checkers, aux militants des droits de l’Homme, aux éducateurs et à tout un chacun de vérifier les fausses images et les fausses vidéos qui circulent sur internet et notamment sur les réseaux sociaux. C’est une boîte à outils avec plusieurs services permettant de vérifier les images fixes et animées. Ce « plugin » est utilisé par les principales rédactions qui font du fact-checking dans le monde (155 pays). Il utilise deux méthodes, l’une endogène qui consiste à mieux examiner l’image ou le fichier numérique grâce à des filtres « forensic », l’autre exogène qui consiste à récupérer des métadonnées sur le web et à faire des recherches par similarité d’images pour vérifier si ces images n’ont pas déjà été diffusées auparavant et indexées par l’un des principaux moteurs de recherche d’images. Nous en utilisons six (Google images, Bing, Yandex, Tineye, Baidu et Karma Decay).

InVid fait maintenant partie d’un projet plus vaste, WeVerify. Pouvez-vous nous parler de cette évolution ? 

Le projet InVID est terminé depuis le 31 décembre 2018 après trois années d’activités. Nous avons été sélectionnés (avec nos partenaires européens) lors d’un appel à projets et nous avons obtenu le financement* d’un nouveau projet européen baptisé WeVerify. WeVerify est en partie une continuation d’InVID dans le sens où nous travaillons désormais sur les « deep fakes » (vidéos et images créées par l’utilisation de l’intelligence artificielle). Nous travaillons également sur la création d’une base de contenus utilisés pour fabriquer des infox, afin d’éviter que ces fausses informations ne circulent à nouveau dans d’autres pays et d’autres langues (ce qui est le cas aujourd’hui). L’analyse de réseaux sociaux et des réseaux underground fait également partie de nos axes de recherche.

Denis Teyssou présente deux projets européens au colloque Les démocraties à l’épreuve de l’infox à la Bibliothèque nationale de France, 20 mars 2019.

Les démocraties à l'épreuve des infox

* InVID et WeVerify sont des actions d’innovation financées par le programme cadre de l’Union européenne en matière de recherche et développement : Horizon 2020.

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