Publication 19 juin 2016

Les utilisateurs Internet face aux propos haineux sur le web

Avec les réseaux sociaux, l’apparition des discours de haine sur Internet est devenu un réel sujet de société. Alors que bien souvent les sondages relatifs à ces thématiques s’intéressent à chiffrer la présence de ces propos, Renaissance Numérique et son partenaire Médiamétrie s’attachent, quant à eux, aux réflexes des citoyens face à ces discours. L’objectif est de mieux saisir l’attitude des internautes face à ces propos racistes, homophobes, sexistes, etc. On constate alors que face à la haine sur Internet, 3 Français sur 4 agissent et ne laissent pas faire.

Dans ce sondage, il apparaît également que les Français se tournent surtout vers le blocage ou le signalement des contenus qu’ils jugent haineux, en se basant sur les outils développés à cette fin par les sites. Les réflexes de contacter les pouvoirs publics ou de dialoguer avec l’auteur des propos sont encore très peu présents.

Discours de haine : 3 Français sur 4 ne laissent pas faire !

Confronté à des propos haineux sur Internet, 3 Français sur 4 ont le réflexe de réagir ! Comment ? Pour la plupart, en utilisant les outils mis à leur disposition sur le site même, comme le blocage ou le signalement, afin de ne plus voir ou de faire supprimer définitivement le contenu. « Les utilisateurs se saisissent des outils de signalement et compte d’abord sur leur propre action de blocage, puis sur celle des réseaux sociaux, pour effacer les contenus haineux. » commente Henri Isaac, Président de Renaissance Numérique.

Ainsi, 44 % des sondés choisissent de bloquer l’émetteur du propos haineux sur Internet et 31 % le signalent au site concerné afin que celui-ci le bloque. En effet, pour 61 % du panel, la suppression des contenus par les plateformes est la solution la plus efficace pour atténuer sur le long terme ce phénomène de propagation de la haine sur Internet. Pas loin derrière, 50 % jugent efficaces les interventions des citoyens pour signaler ces propos.

Le « contre discours » : réflexe encore peu développé par les internautes

La part des sondés qui répondent aux propos haineux sur Internet est minime : 13 % répondent à l’émetteur de propos haineux pour signaler qu’il n’est pas d’accord, 11 % n’hésitent pas à employer l’humour pour désamorcer la conversation. Deux chiffres assez faibles ! Parmi ceux qui déclarent « ne rien faire », plus de la moitié agissent ainsi parce qu’ils présument leur action inutile et 36 %parce qu’ils se sentent dépassés par le phénomène.

Aussi, le contre-discours ou le fait de répondre aux propos haineux, agressifs, dont plusieurs universitaires ou think tanks démontrent l’efficacité et défendent la mise en place, est encore ignoré du grand public, qui préfère le signalement. « Nous devons faire preuve de pédagogie pour valoriser les initiatives qui visent à contrer les discours de haine sur Internet par la présence et l’emploi de discours positifs, car c’est la seule solution durable sur le long terme, si l’on ne veut entrer ni dans les dérives d’une justice privée, ni dans des excès de censure qui auraient pour prétexte de nettoyer le web. » explique Guillaume Buffet, au Bureau de l’association et porteur pour elle d’un projet de plateforme de contre-discours : Seriously (en cours de testing avec des associations aujourd’hui).

Les pouvoirs publics : un rôle mineur ou méconnu auprès des citoyens

Le report des contenus haineux aux autorités publiques n’est pas encore un réflexe : seuls 12 % des interrogés pensent à signaler les propos haineux aux autorités. Pourtant 45 % des Français jugent leur action de censure efficace face à ces propos ; ce chiffre les place tout de même derrière l’action des sites Internet concernés et celle des internautes.


Cette étude fait partie de la série de publication « Portrait de la France numérique ». Engagé à nourrir les débats d’idées nationaux sur le numérique, notamment en cette période active de la vie politique française, Renaissance Numérique, think tank citoyen spécialiste des enjeux digitaux, lance une étude inédite : « Portrait de la France numérique », attentes et usages numériques des citoyens, avec le soutien de son partenaire Médiamétrie. Le deuxième chapitre de cette série de publications traite de la réaction des utilisateurs face aux discours de haine sur Internet.


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