Publication 20 novembre 2015

Les défis de l’agriculture connectée dans une société numérique

La transformation numérique de l’agriculture dépasse largement la question des outils de production. C’est toute la chaîne, de la fourche à la fourchette, qui doit se repositionner face à la “mise en données” de l’agriculture et aux nouvelles pratiques collaboratives. Dans ce rapport, Renaissance Numérique formule 16 propositions pour repenser la production, la distribution et la consommation alimentaires à l’ère du numérique. Il invite les acteurs publics, mais surtout les entreprises, les coopératives, syndicats et agriculteurs à entrer dans la « troisième révolution agricole » permise par les outils numériques.

Auteurs

  • Pierre Balas Chargé de Mission, Renaissance Numérique

  • Clémentine Desigaud Chargée de mission, Renaissance Numérique

  • Camille Vaziaga Déléguée générale, Renaissance Numérique

 

 

Numérisation de l’agriculture : chiffres clés

20 000 Ha

de colza et de blé survolés en France par des drônes agricoles en 2013-2014

x 5

l’évolution du nombre de fermes équipées d’un robot de traite entre 2007 et 2014

24 %

des éleveurs de moins de 35 ans sont équipés d’une application mobile pour suivre le vêlage

Cultiver et produire avec le numérique

La révolution numérique dans l’agriculture, c’est d’abord l’agriculture dite « de précision », assistée par des outils numériques et des objets connectés qui permettent une description et une analyse complète des parcelles.

Vecteurs d’une action plus ciblée, basée sur l’analyse des données, les outils numériques permettent d’allier la croissance des rendements avec le respect de l’environnement. Ils garantissent également moins de pénibilité pour les agriculteurs. Ces nouveaux outils sont répandus dans l’agriculture occidentale, surtout aux États-Unis, où les acteurs industriels investissent fortement ce nouveau marché, mais également dans les pays émergents où l’usage du mobile est en pleine explosion. En Europe et en France, les start-up réinventent les services aux agriculteurs, et viennent bousculer les acteurs traditionnels en place, publics comme privés.

Pour une révolution numérique inclusive, l’enjeu est d’accompagner les agriculteurs dans l’acquisition et le maniement de ces nouveaux outils

UNE RÉVOLUTION AGRICOLE NUMÉRIQUE INCLUSIVE

Proposition n°1

Garantir la couverture réseau nécessaire à une agriculture connectée, sans pénaliser les exploitations selon leur zone géographique.

Proposition n°2

Étudier les opportunités de l’ultra bas débit pour l’agriculture connectée.

Proposition n°3

Accompagner l’équipement des agriculteurs en outils numériques.

Proposition n°4

Le crowdfunding pour soutenir l’agriculture périurbaine.

FORMATION : PRÉPARER LES AGRICULTEURS ET LEUR ÉCOSYSTÈME AU NOUVEAU PARADIGME NUMÉRIQUE

Proposition n°5

Intégrer dans la formation professionnelle des agriculteurs des bases de compréhension des enjeux numériques.

Proposition n°6

Coopératives et syndicats, acteurs majeurs de la formation au numérique des agriculteurs.

Proposition n°7

Exploiter les opportunités des outils numériques pour proposer des formations en ligne : Moocs, tutoriels.

Proposition n°8

Les coopératives, acteurs du Big Data agricole.

Échanger, distribuer et négocier

Dans un climat de défiance et de ras-le-bol des consommateurs et des agriculteurs, les circuits courts se développent de plus en plus rapidement grâce aux services numériques. Ils permettent de mettre en relation directe ces deux extrémités de la chaîne agro-alimentaire..

L’agriculteur est face à un métier dont la réalité se transforme profondément : en plus de la production en amont, il remonte la chaîne de valeur, pour aller directement vendre au consommateur.

Par ailleurs, avec sa capacité à mettre en données toute la chaîne alimentaire, le numérique offre davantage de transparence sur ce marché où l’opacité préserve les acteurs traditionnels d’un partage plus équitable de la valeur entre agriculteur et consommateur. Cela est particulièrement vrai pour l’agriculture familiale des pays émergents. Le Big Data doit permettre de libérer de la valeur pour l’agriculteur et le consommateur.

Karine Daniel

Responsable du LARESS et enseignante-chercheuse en économie à l’École Supérieure d’Agriculture

« Par nature, de façon historique, c’est une profession très connectée. Les agriculteurs sont les premiers à avoir regardé de manière compulsive la météo sur Minitel. »

DISTRIBUER, NÉGOCIER : REPLACER L’AGRICULTEUR ET LE CONSOMMATEUR AU CŒUR DE LA CHAÎNE DE L’AGRO-ALIMENTAIRE

Proposition n°9

Les collectivités locales et les chambres de l’agriculture encouragent la vente en circuit-court en répertoriant et relayant les informations sur ces initiatives sur un site Internet dédié.

Proposition n°10

Mettre en place des programmes open data expérimentaux sur certaines filières pour recréer un équilibre entre les prix de production et les prix de vente.

Proposition n°11

Des programmes internationaux pour une mise en donnée de l’agriculture familiale dans les pays émergents.

Consommer et manger

 Le déficit croissant de confiance des consommateurs dans les produits de grande consommation alimentaire fait naître des initiatives de mobilisation et de partage d’informations par les outils numériques de collaboration. C’est la « traçabilité en peer-to-peer (en italique)», qui permet au consommateur de s’émanciper des labels existants.

CHIFFRE CLÉ

40 000

C’est le nombre de produits à propos desquels l’application Open Food Facts a rassemblé des informations (origine, additifs, etc.) via 1700 contributeurs

Les outils numériques permettent d’établir une traçabilité totale et certaine des produits alimentaires. Aujourd’hui, ces informations restent cependant entre les mains des industriels et ne profitent pas directement au consommateur et à l’agriculteur. Ces derniers sont pourtant en quête d’une plus grande transparence sur les origines et les conditions de production des aliments. Alors que l’alimentation est devenue une question de santé, cela ouvre en France des perspectives économiques importantes pour un secteur agro-alimentaire qui a besoin de se réinventer.

CONSOMMER : VERS UNE TRAÇABILITÉ GRAND PUBLIC POUR RENOUER LA CONFIANCE AU CŒUR DE L’ALIMENTATION

Proposition n°12

Les agriculteurs entrent dans la boucle des applications de certification et traçabilité des produits alimentaires.

Proposition n°13

Des capteurs et autres objets connectés pour simplifier la labellisation des produits agricoles.

Proposition n°14

Inciter les acteurs de l’agro-alimentaire à mettre en place des outils de traçabilité grand public pour informer sur la provenance du produit.

Proposition n°15

Encourager la traçabilité automatique et intelligente dans les circuits internationaux d’acheminement des biens agricoles.

Proposition n°16

Libérer les investissements pour faire émerger des champions français et européens de la #FoodTech.

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