Publication 29 septembre 2016
Internet : fossoyeur ou gardien de la diversité linguistique mondiale ?
Un poncif récurrent accuse Internet d’appauvrir les langues étrangères. Le réseau, dominé par les entreprises anglo-saxonnes imposerait l’anglais au détriment des autres idiomes. Les données en la matière illustrent en effet un certain appauvrissement. On estime à 6 500, le nombre de langues parlées dans le monde. Or c’est moins du centième, c’est à dire seulement 60 qui sont utilisées sur Internet. Pis encore, le swahili pratiqué par plus de trente millions de personnes, n’existe pas sur le cyberespace. La situation est particulièrement préoccupante : d’ici 2050, la moitié des langues vont disparaître. Les linguistes estiment qu’une langue disparaît tous les quinze jours. Peut-on tenir Internet responsable de ce déclin ?
Au contraire, Internet peut être un formidable outil de sauvegarde : que ce soit pour la préservation ou l’enseignement de ces langues vouées à la disparition. Il n’est plus nécessaire de présenter les avantages d’Internet en matière d’éducation. Par contre, il est intéressant de s’intéresser à ses potentialités en matière d’apprentissage des langues étrangères. Internet, ou plus précisément son stock presque infini de données, permet d’estimer les usages au sein de la diversité linguistique et par là même d’agir avant que ce soit trop tard. Internet donne également accès à l’apprentissage à un coût moindre. Le Cameroun a ainsi lancé une campagne d’instruction par les nouvelles technologies pour assurer l’enseignement des langues locales : création d’un clavier spécifique aux langues du pays et distribution de CDROMs d’auto-apprentissage. C’est peut-être au niveau de la conservation qu’Internet déploie ses atouts les plus spectaculaires. Le 20 juin 2012, Google annonce le lancement du projet « langues en danger ».
Financé par le fond philanthropique de l’entreprise, l’initiative consiste à identifier toutes les langues en voie de disparition. Les utilisateurs chargent ensuite des documents sonores pour constituer une sorte d’ « INA mondial des langues ». Le pilotage de la structure est assuré par le First Peoples’ Heritage, Language & Culture Council de l’université Michigan Est. En moins de deux ans, la plateforme a recensé plus de la moitié des langues en voie de disparition c’est à dire plus de 3 000.
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