Publication 17 juillet 2017
Influence des géants du numérique, avec Olivier Ertzscheid
Qui sont les géants ?
Les géants, se sont avant tout les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) selon Olivier Ertzscheid. Ces plateformes où l’algorithme est roi et devient un outil pour toujours mieux nous connaître, nous cerner, nous proposer du contenu dit pertinent, pour ensuite nous exposer à du contenu publicitaire toujours mieux ciblé. Leur appétit tend à s’inscrire dans une volonté de plus en plus hégémonique, où il faut dominer pour exister, et où les situations monopolistiques sont légion.
La présence de ces géants dans notre quotidien est devenue inévitable et Olivier Ertzscheid pose la question de leur rôle dans notre société. S’ils ont un rôle dans nos vies et peuvent nous influencer, leurs décisions sont éminemment politiques et c’est cela qui questionne et inquiète.
Vers de nouvelles frontières
Depuis la déclaration d’indépendance du cyberespace et jusqu’à aujourd’hui, Olivier Ertzscheid constate une nette détérioration de notre rapport aux outils numériques. De plus en plus, c’est bien l’algorithme qui tend à tout écrire : il détermine nos pratiques, créé un environnement et peut influencer notre engagement politique en instaurant des régimes de vérité différents. La question principale qu’il faut se poser, c’est donc celle de notre libre arbitre : faut-il quitter ces plateformes au risque de se déconnecter complètement de son cercle social ? Comment contrer l’appétit de ces géants qui lorgnent sur notre vie privée et tendent à dresser le décor de notre environnement social ?
La déclaration d’indépendance du cyberespace, c’était aussi l’envie d’écrire les fondamentaux d’un tout sans frontières, que personne ne peut posséder et influencer mais dans lequel chacun peut venir se greffer. Mais le mouvement actuel des GAFA contribue au rétablissement de ces frontières, dans un mouvement général de création de nouveaux silos. Quand les décisions d’une entreprise peuvent impacter la vie de 2 milliards d’individus, de nouveaux régimes de vérité s’installent et posent des questions politiques fortes, semant le trouble entre l’arbitraire et le juste, redéfinissant les normes et investissant les plateformes d’un rôle politique (trop) important, venant concurrencer les valeurs de la société dans laquelle ils évoluent. Il faut lire le billet que Zuckerberg publiait en février pour saisir le virage politique actuellement emprunté, parfois avec naïveté certes, mais qui déteint sur le discours de nos politiques.
Le capitalisme de la surveillance
Pour Olivier Ertzscheid, les plateformes sont des États et les États s’efforcent tant bien que mal à proposer des alternatives à ces plateformes pour réinvestir ce rôle de réassurance dont Facebook s’est saisi. De plus en plus de missions régaliennes échappent aux États, et derrière, il est de plus en plus difficile de les récupérer : c’est inquiétant certes, et il est urgent de se poser la question de ce qui va advenir une fois que tout sera capté par ces plateformes.
Mais passé à ce stade du capitalisme, où notre choix peut-être influencé, on observe un éveil croissant des citoyens et des usagers des différentes plateformes, annihilant presque le pouvoir de nuisance des algorithmes. Sur une échelle de temps de 10 ans, la société a considérablement évoluée et ses pratiques avec elle. Des livres sont publiés, des initiatives se montent et la société s’organise pour trouver des réponses et des contre offensives. Il faut donc garder un brin d’optimisme !
Pour revivre cette rencontre en intégralité, écoutez le podcast