Publication 23 mars 2018
Fake news ? Faire face aux troubles informationnels à l’ère numérique
Sortir d’un débat tronqué
Illusion historique, insulte politique, terme flou, débat tronqué et trompeur… Un cadrage à partir de la notion de fake news est stérile. Il faut l’élargir à tous les phénomènes d’altération de l’information, ou « troubles informationnels » pour reprendre les termes de Claire Wardle. Ces troubles sont de trois types : la désinformation, la més-information et la mal-information. Chacun appelle à des considérations, des postures et des mesures différentes.
De l’inutilité d’une nouvelle loi
Renaissance Numérique s’associe aux avis relatifs à l’inutilité, voire la dangerosité, de concevoir une loi dédiée et limitée à ce concept. La législation en vigueur, notamment la loi sur la liberté de la presse de 1881, permet de couvrir la problématique des fausses nouvelles. L’enjeu juridique porte plutôt sur les ressources mises en œuvre pour appliquer le cadre existant dans ce contexte numérique. Il s’applique également au futur statut des hébergeurs, qui aujourd’hui participent à la production d’information.
S’il est nécessaire d’être réactif dans le combat contre les illégalités évidentes, le think tank en appelle à ne pas élargir le périmètre. Le risque serait d’organiser l’erreur, la censure automatisée, c’est-à-dire du filtrage auto(systé)matique, lorsque le motif reste ouvert à un débat contradictoire laissant place au doute.
Fausses nouvelles : les dispositions juridiques existantes en droit français
Objet | Base juridique | Définition |
Sur le risque de trouble volontaire à l’ordre public | Loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse | L’article 27 de Loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse dispose que « La publication, la diffusion ou la reproduction, par quelque moyen que ce soit, de nouvelles fausses, de pièces fabriquées, falsifiées ou mensongèrement attribuées à des tiers lorsque, faite de mauvaise foi, elle aura troublé la paix publique, ou aura été susceptible de la troubler, sera punie d’une amende de 45 000 euros. Les mêmes faits seront punis de 135 000 euros d’amende, lorsque la publication, la diffusion ou la reproduction faite de mauvaise foi sera de nature à ébranler la discipline ou le moral des armées ou à entraver l’effort de guerre de la Nation » . |
Sur le détournement des processus électoraux | Code électoral | L’article L97 du code électoral prévoit que « Ceux qui, à l’aide de fausses nouvelles, bruits calomnieux ou autres manœuvres frauduleuses, auront surpris ou détourné des suffrages, déterminé un ou plusieurs électeurs à s’abstenir de voter, seront punis d’un emprisonnement d’un an et d’une amende de 15 000 euros ». |
Sur la procédure de référé | Loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l’économie numérique (LCEN).Cette loi transpose en droit français la directive européenne 2000/31, dite Directive e-Commerce. | L’article 6-I-8 de la LCEN dispose que « L’autorité judiciaire peut prescrire en référé ou sur requête, à toute personne mentionnée au 2 ou, à défaut, à toute personne mentionnée au 1, toutes mesures propres à prévenir un dommage ou à faire cesser un dommage occasionné par le contenu d’un service de communication au public en ligne » . |
Une responsabilité de tous les acteurs
Il est nécessaire de reconnaître la diversité des formes prises par la fabrication et la circulation d’une fausse information. Aujourd’hui, le regard est focalisé – à juste titre – sur les professionnels de l’information et les techniques d’industrialisation de fausses présences ou activités numériques (faux profils, robots qui stimulent l’importance donnée à une tendance, un hashtag, etc.).
Il convient d’élargir la réflexion, et de considérer comment tous les acteurs de la société peuvent, de façon intentionnelle ou non, être vecteurs d’informations fausses ou pouvant induire en erreur. Le citoyen est encore trop souvent perçu comme un “récepteur passif”. Il serait intéressant d’intégrer son point de vue dans ces réflexions.
PROPOSITIONS
Proposition n°1
Proposition n°2
Proposition n°3
Proposition n°4
Proposition n°5
Proposition n°6
Proposition n°7
Proposition n°8
Proposition n°9
Proposition n°10
Proposition n°11
Proposition n°12
Proposition n°13
Proposition n°14
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