Publication 11 décembre 2019

Cyberharcèlement : lecture académique de ce phénomène

AUTEUR

  • Claire Pershan, Chargée de mission de Renaissance Numérique

Le cyberharcèlement est un problème de plus en plus courant, en particulier chez les jeunes, pour qui beaucoup de leurs interactions sociales se passent en ligne. Toutefois, bien que nous soyons conscients de ses nombreux dangers, la recherche de solutions efficaces reste un défi. Dans cette note, Renaissance Numérique s’intéresse à l’état de l’art de la littérature académique concernant le cyberharcèlement, afin d’en retirer des pistes de réflexions et d’actions concrètes. Plutôt que de se concentrer sur l'ampleur du problème en tant que telle, le think tank accorde une attention particulière aux domaines de l'intervention, en matière de prévention, de détection et de réponse. Cette note fournit ainsi des recommandations pour chaque partie prenante : les familles, les écoles, les autorités publiques, les plateformes, et les enfants eux-mêmes ayant tous un rôle à jouer dans la construction d’une réponse efficace.

Principaux enseignements :

  • La cyberviolence consiste en des violences ponctuelles alors que le cyberharcèlement consiste en des violences répétées.
  • Le déséquilibre de pouvoir entre le harceleur et la victime peut être lié aux compétences du premier relatives aux outils numériques.
  • Le réflexe de représailles peut être plus fort dans le cyberharcèlement ; ce qui fait que la victime devient l’agresseur.
  • La plupart des cas de cyberharcèlement se produisent en dehors de l’école.
  • Le cyberharcèlement touche de façon disproportionnée les filles, les membres des minorités sexuelles, raciales ou ethniques et les enfants ayant des problèmes de santé mentale et des problèmes de comportement.
  • Les victimes soutenues ou défendues par des témoins sont moins déprimées et anxieuses, ont une meilleure estime de soi et sont finalement moins rejetées par leurs pairs que les autres.
  • Quand les enfants comprennent que le cyberharcèlement n’est pas la norme, les taux de harcèlement diminuent.
  • Les programmes scolaires de lutte contre le cyberharcèlement sont moins efficaces s’ils sont conçus pour une période limitée, plutôt que pour une longue durée.
  • Les élèves ont souvent l’impression que les enseignants et les adultes ne sont pas conscients du problème ou sont incapables de les aider efficacement ; ce qui les décourage de les informer.
  • Il existe un aspect de migration entre plateformes dans le cyberharcèlement qui mérite davantage de recherche.
  • Les enfants lisent et comprennent rarement les politiques de confidentialité des services qu’ils utilisent et ils ne comprennent pas les limites public-privé de ces espaces, ni les diverses options de sécurité et de recours qui leur sont offertes.
  • Les programmes de prévention et d’intervention les plus réussis concernent l’implication des enfants eux-mêmes.
  • Malgré une prolifération de ressources disponibles en ligne s’adressant aux internautes sur le sujet du cyberharcèlement, la recherche de conseils en ligne comme mécanisme de réaction s’avère moins efficace que d’autres stratégies chez les harcelés.

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