Publication 11 avril 2018

Cyber-citoyenneté et lutte contre le racisme, avec Frédéric Potier

Interview de Frédéric Potier, Délégué à la Délégation Interministériel à la Lutte Contre le Racisme, l’antisémitisme et la Haine anti-LGBT (DILCRAH).

Pouvez-vous nous présenter la DILCRAH en quelques mots ?

La Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH) est chargée de concevoir, de coordonner et d’animer la politique de l’Etat en matière de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT. Le volet lutte contre le racisme et l’antisémitisme est placé sous la tutelle directe du Premier ministre. Le secrétariat d’Etat à l’égalité entre les hommes et les femmes est compétent sur le volet lutte contre la haine et les discriminations anti-LGBT. La DILCRAH exerce un rôle de conseil et d’animation auprès des ministères, notamment en matière d’éducation, de police et de justice mais aussi de culture, de cohésion des territoires, de numérique et d’outre-mer. La DILCRAH a notamment coordonné l’élaboration du plan national de lutte contre le racisme et l’antisémitisme 2018-2020 et le plan de mobilisation contre la haine et les discriminations anti-LGBT présenté en décembre 2016.

Le plan national de lutte contre le racisme et l’antisémitisme vient d’être annoncé par le Premier ministre. Quels sont les principaux objectifs concernant le volet Internet ? 

D’abord, nous porterons une initiative pour faire modifier le cadre européen. Mais sans attendre cette négociation, qui prendra du temps, nous ouvrons le chantier du cadre législatif national. C’est l’objet de la mission confiée à Karim Amellal [écrivain], Laetitia Avia [députée LaREM de Paris] et Gil Taïeb [vice-président du CRIF]. Ils regarderont dans le détail les pistes d’ores et déjà retenues, notamment les propositions très concrètes faites par les associations, dont je salue le travail. Parmi les pistes envisagées, imposer une représentation juridique en France au-delà d’un certain nombre d’utilisateurs, rendre très accessibles les dispositifs de signalement de contenu illicite, fermer rapidement les comptes anonymes qui, de manière massive et répétée, diffusent des contenus de haine. Internet est la priorité du plan national de lutte contre le racisme et l’antisémitisme 2018-2020. On sait que ce sera un travail au long cours, qui ne sera pas facile, mais nous mènerons cette bataille avec l’Ambassadeur au numérique, David Martinon, avec la société civile et les partenaires associatifs mobilisés.

Selon vous, quels sont les leviers pour favoriser l’émergence d’une cyber-citoyenneté ? 

Tout une série de mesures ont été annoncées par le Premier ministre à l’occasion de la présentation du plan national de lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Ce plan associe tous les ministères et comporte des mesures visant à renforcer l’éducation à l’usage critique des médias, dont le budget sera doublé. Le ministère de l’Education nationale et le ministère de la Culture sont pleinement engagés pour renforcer le travail de prévention et de pédagogie, notamment auprès des plus jeunes. Mais, au-delà, c’est d’une prise de conscience de l’ensemble de la société dont nous avons besoin pour combattre la haine en ligne. Susciter cette prise de conscience collective est un défi commun et un préalable indispensable. Je sais pouvoir compter sur les associations investies dans médiation et l’éducation aux bonnes pratiques sur Internet et les réseaux sociaux pour y parvenir.


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