Publication 10 juillet 2017

Agir face à la haine sur Internet dans une société collaborative

Auteurs

  • Mike Fedida, Chargé de mission, Renaissance Numérique

  • Henri Isaac, Président, Renaissance Numérique

  • Camille Vaziaga, Adhérente et ancienne Déléguée générale, Renaissance Numérique

La haine en ligne est devenue un problème de société majeur. Publiée dans le cadre du lancement par Renaissance Numérique de la plateforme Seriously, qui vise à l’endiguer, cette note décrypte les contours complexes de ce phénomène.

Un projet issu d’une démarche collaborative

Initié au lendemain des attentats de janvier 2015, le projet   vise à endiguer la dynamique haineuse qui prospère dans nos sociétés, et trouve un ferment particulier sur Internet. Issu de deux années de réflexion et d’expérimentation, ce projet repose sur un outil, le site internet www.seriously.ong et une méthode d’accompagnement au service des internautes.

Internet donne une dimension virale et universelle aux propos haineux, et apporte une complexité nouvelle. Cela implique de définir de nouvelles approches. Fort de son expertise sur le numérique, le think tank a développé et mis en œuvre la “méthode Seriously”. Pour ce faire, il s’est entouré d’un écosystème partenaire composé de chercheurs et d’associations de défense des droits, spécialistes de ces enjeux. Le Fonds du 11 janvier ainsi que certains grands acteurs de l’Internet (Facebook, Google, Twitter) ont également participé à son développement.

Chiffres clés

56 %

des Français sont actifs sur les réseaux sociaux

74 %

des Français vont sur Internet tous les jours

4 millions

de visiteurs uniques par jour en France sur YouTube

41 %

des 18-24 utilisent les réseaux sociaux comme principale source d’information

7 500

tweets chaque seconde dans le monde

9 millions

de posts Facebook chaque heure dans le monde

70 %

des Français ont déjà été confrontés à des propos haineux en ligne

La haine en ligne : un phénomène difficile à appréhender

Par son caractère viral, immédiat et universel, Internet a un effet de miroir grossissant sur les discours haineux, qui auparavant atteignaient plus difficilement la sphère publique. Ces discussions sont ouvertes et visibles par tous, sans limite de temps, ni de format. Or, les dispositifs de signalement existants, principaux leviers d’actions, ne peuvent suffire à lutter contre l’entièreté de ce phénomène. En effet, la majorité des propos haineux se situe dans une zone « grise », c’est-à-dire difficilement appréhendable par le droit et les standards développés par les réseaux sociaux.

Pourtant, force est de constater que c’est sur ce bassin de paroles blessantes ou conspirationnistes que se construisent les préjugés, la défiance envers nos institutions, et se délite la cohésion sociale. Cet enjeu de société majeur appelle donc une réponse collective et une organisation collaborative des actions de lutte contre la haine. Pour ce faire, il est nécessaire d’équiper les acteurs d’outils et de méthodes pour agir sur cette zone « grise ».

Dominique Wolton

Sociologue

« Si nos démocraties veulent rester fidèles à leur projet d’émancipation politique, elles doivent réglementer les nouveaux médias et éviter ainsi que la liberté de communication ne devienne synonyme de loi de la jungle. »

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