Actualité 19 avril 2013
Numérique… donc informatique
Cela correspond au fait que dans la société de plus en plus d’activités et de réalisations reposent sur la numérisation de l’information. On parle alors, caractérisant la société en référence à sa production dominante, de société numérique comme on parle de société industrielle ou de société agraire. Au coeur du numérique il y a la science informatique car elle est la science du traitement et de la représentation de l’information numérisée[1]. Si la science et technique informatique joue un rôle essentiel et fondamental dans le numérique, bien sûr d’autres sciences et techniques interviennent, toutes alors sciences et techniques du numérique et/ou numériques[2].
Le numérique concerne le système éducatif de deux points de vue.
Le système éducatif intègre le numérique à son service comme toutes les entreprises et toutes les administrations, pour la réalisation de ses objectifs et son propre fonctionnement. Cela concerne d’abord son coeur de métier, à savoir la pédagogie, en développant les usages des outils informatiques et l’utilisation des ressources numériques. L’informatique et le numérique sont aussi des outils administratifs, des outils de travail personnel et collectif des élèves, des enseignants, de l’ensemble de la communauté éducative. Tout cela est bien connu. Rappelons que dans les années 80, les lycées d’enseignement général qui voyaient le plus d’usages pédagogiques de l’ordinateur étaient ceux qui proposaient l’option informatique. Pourquoi opposer l’utilisation de « l’outil » informatique dans les différentes disciplines et activités à l’enseignement structuré d’un discipline informatique alors que les deux démarches sont complémentaires et toutes deux indispensables ?
En effet, deuxième point de vue, le système éducatif a des obligations vis-à-vis de la société, formant l’homme, le travailleur et le citoyen, lui donnant, c’est la mission fondamentale de l’enseignement scolaire, la culture générale correspondant à son époque.
L’informatisation est la forme contemporaine de l’industrialisation. Réindustrialiser suppose impérativement de pouvoir s’appuyer sur une forte compétence informatique diversifiée et largement partagée.
Les débats de société sur les transformations opérées par le numérique se multiplient. Dernièrement il a été question de neutralité du Net. Comment se faire son opinion sans représentation mentale de l’architecture du réseau, ses fonctionnalités et ses acteurs ? D’une manière générale, dans ces débats s’interpénètrent des problématiques sociétales (copie privée, droit d’auteur, modèles économiques…) et notions scientifiques et techniques (interopérabilité, DRM, code source, logiciels en tant que tels…). Et à chaque fois on peut constater un sérieux déficit global de culture informatique qui ne facilite pas à tout un chacun la compréhension des enjeux.
Les champs scientifiques et techniques évoluent dans leurs objets, leurs méthodes et leurs outils de par l’informatique : simulation en sciences expérimentales, démonstration assistée par ordinateur en mathématiques, algorithmique en biologie, machines à commandes numériques… Ils demandent des compétences en informatique.
La culture scientifique informatique est donc une condition d’exercice de la citoyenneté, de l’activité professionnelle, de compréhension de tous les aspects de la société numérique (économiques, professionnels, culturels, sociétaux, citoyens et scientifiques)[3]. D’évidence tous les élèves sont concernés, pas que ceux des séries scientifiques. Les élèves s’approprient les notions de vitesse, de force, d’atome et de molécule dans le cadre institutionnel du cours de sciences physiques. Ils s’approprient et s’approprieront celles d’algorithme, de langage et de programme, de machine et d’architecture, de réseau et de protocole, d’information et de communication, de données et de formats dans le cadre du cours (de la discipline) informatique. Il y va non seulement de leur propre culture scientifique mais aussi de l’intérêt général du pays.
[1]Comme au coeur du vivant et de la médecine il y a la biologie, et les sciences physiques au coeur de l’industrie de l’énergie.
[2]Prenons le cas de la photo numérique dont le fondement est la numérisation des images. Le capteur est un objet physique sophistiqué : la première clef est le piégeage de photons avec un minimum de bruit, prouesse de physique. La seconde clef est la conversion analogique-numérique précise. La troisième est l’optique, qui se conçoit différemment pour un appareil numérique que pour un appareil argentique car les capteurs réfléchissent la lumière au contraire des films (les optiques sont bien sûr calculées informatiquement avec des algorithmes de mathématiques appliquées). La quatrième est l’algorithmique, qui joue effectivement un rôle essentiel et est en progrès constant, apportant de nouvelles idées et de nouvelles merveilles. La cinquième est l’électronique, avec la carte flash qui stocke les bits des images.
La sixième est l’intervention des mathématiques appliquées pour tous les algorithmes modernes de traitement d’images, implantés dans les systèmes de traitement de photos. Enfin, la septième est l’impression jet d’encre, qui fait appel à des algorithmes malins pour conduire de la chimie ultra fine entre l’encre et le papier.Il faut aussi ajouter l’ergonomie des appareils et logiciels, sujet fort complexe. La physique est donc une science du numérique. Or, on enseigne la physique à l’école primaire (activités de type « main à la pâte »), au collège et au lycée. Il ne faut donc plus attendre pour enseigner la science informatique !
[3]« Exercice de la citoyenneté et culture informatique », Jean-Pierre Archambault, EpiNet n° 140 de décembre 2011 : http://www.epi.asso.fr/revue/articles/a1112d.htm
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