Actualité 8 décembre 2016

Démocratie : le réenchantement numérique ?

Jeudi 8 décembre, les think tanks Renaissance Numérique et Fondation Jean Jaurès organisaient un débat en direct, au format d’une émission web, intitulé : "Démocratie : le réenchantement numérique ?", en présence d’Axelle Lemaire, Secrétaire d’État chargée du numérique et de l’innovation. Quels sont les outils et les usages pour l’exercice de la citoyenneté de demain ? Cette émission s’inscrit plus largement dans le cadre de nouvelles propositions portées en 2017 par le think tank Renaissance numérique et la Fondation Jean-Jaurès.

Animatrice

  • Marjorie Paillon Journaliste

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"Démocratie : le réenchantement numérique ?"

Intervenants :

  • Axelle Lemaire, Secrétaire d’État chargée du numérique et de l’innovation ;
  • Henri Isaac, Président du think tank Renaissance Numérique ;
  • Gilles Finchelstein, Directeur Général de la Fondation Jean Jaurès ;
  • Julie De Pimodan, Co-fondatrice de Fluicity ;
  • Clément Mabi, Maitre de conférence à l’université de technologie de Compiègne, auteur du livre blanc pour le think tank Renaissance Numérique « Démocratie : Mise à jour ».

La désillusion des citoyens sonne-t-elle la fin de la démocratie représentative ?

57 % des Français estiment que la démocratie fonctionne mal, selon le sondage du Monde « Les Français, la démocratie et ses alternatives », et 77 % d’entre eux choisirait un gouvernement participatif comme alternative à un gouvernement représentatif. Ces chiffres laissent à penser que le peuple rejette à présent la démocratie représentative : pourquoi ?

Axelle Lemaire se dit peu étonnée de ces chiffres, « symptomatiques, dit-elle, d’un malaise démocratique », une défiance plus élevée que jamais dans les institutions « dites » représentatives. Toutefois, elle reste dubitative quant à l’application d’une démocratie participative aux contours encore flous. Gilles Finchelstein s’accorde sur la nécessité d’inventer « un nouvel âge démocratique », qui permette de réimpliquer le citoyen aux différents temps de la décision, sans toutefois supprimer la fonction représentative des élus et des institutions mais, notamment au niveau local, par de nouveaux outils qui permettront de réconcilier démocratie représentative et démocratie participative.

En effet, cette transition démocratique qu’offrent les outils numériques aux systèmes politiques actuels, c’est ce passage « du collectif au collaboratif », théorise Henri Isaac. En organisant trois nouvelles étapes de la vie démocratique où le citoyen intervient pleinement : le débat ; la construction des règles ; l’évaluation des politiques publiques ; le numérique offre un nouveau cadre à la démocratie représentative. Clément Mabi souligne que le numérique permet plusieurs niveaux d’implication dans la décision politique, en témoigne l’engouement sur le web pour les nouvelles formes de « démocratie d’interpellation », notamment les e-pétitions.

Les civic tech au service du renouvellement de la démocratie ?

À ce stade du débat, se pose une question centrale. Celle de la définition du mot « civic tech », employé à de multiple reprises pour recouvrir parfois des réalités bien diverses. Que recouvre ce mot qui s’apparente davantage aujourd’hui à un « buzz word » ? Le principe de ces outils numériques, comme l’expose Axelle Lemaire, c’est d’abord « le renouvellement du dialogue démocratique ». Le sommet du Partenariat pour un Gouvernement Ouvert (OGP), qui se déroulait en parallèle même de ce débat, cherche à mettre en lien les meilleures expériences en France et à l’international, pour faire valoir les outils qui mettent les citoyens en action à tous les niveaux de la gouvernance.

Julie de Pimodan, CEO de l’application Flui.City qui propose de créer le dialogue élu – citoyen pour gouverner dans les collectivités territoriales, fait remarquer que les citoyens souhaitent avoir un impact sur les décisions publiques : « être citoyen, ce n’est pas tous les cinq ans, mais ça peut être tous les jours, toutes les semaines, grâce aux outils numériques. »

Un besoin d’expérimentation, d’inclusion et de médiation

Axelle Lemaire indique que « l’intérêt des expérimentations sont les suites concrètes que l’on y donne », sinon « elles ont l’effet inverse qui est de décourager totalement les citoyens ». Henri Isaac émet quelques bémols sur le fait que « ces expérimentations, pour rester démocratiques, doivent être ouvertes à tous « à tous les échelons et éviter une démocratie à deux vitesses ». Pas de démocratie participative sans qu’elle soit inclusive. Dans cette phase de construction, il souligne l’importance de résorber la fracture numérique, qui résidait hier dans les infrastructures et aujourd’hui dans les usages, « pour que la démocratie ne soit pas le fait d’une élite numérique ». À ce titre, Julie De Pimodan rappelle que les « civic tech, au niveau local, peuvent répondre à cette fracture numérique ».

Clément Mabi ajoute que la légitimé peut résider dans l’inclusion, mais qu’elle peut aussi être assurée grâce un ensemble de communautés qui représente la diversité des arguments. Le numérique permet cela, mais « la boite à outil est vaste » et peut encore ouvrir de nouveaux horizons à la participation citoyenne à différentes échelles.

Henri Isaac précise par exemple qu’il ne suffit pas de « mettre des gens devant un portail open data ». Aujourd’hui « ces portails sont surtout faits pour la start-up et le geek, et non pour le citoyen ». Pour qu’il y un vrai jeu démocratique ouvert, les citoyens doivent pouvoir s’emparer des outils, une nouvelle démocratie est donc à construire pour combler ce besoin de médiation.

#Lemotdelafin : La journaliste propose aux intervenants d’offrir un synonyme de civic tech :

  • Clément Mabi : Un outil d’organisation de la démocratie
  • Gilles Finchelstein : Un outil pour ce nouvel âge de la démocratie
  • Axelle Lemaire : Espoir
  • Julie De Pimodan : Nouveauté
  • Henri Isaac : Réinventer la démocratie grâce au collaboratif.

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