Actualité 16 mai 2015

3 questions à Maryna Shcherbyna, SOS Racisme

Interview de Maryna Shcherbyna, Responsable de la communication, SOS Racisme.
  • Êtes-vous confrontés à des contenus haineux sur Internet ? Est-ce pour vous un problème ?

Nous constatons de plus en plus des contenus haineux, pour la plupart diffusés sur les réseaux sociaux. Le caractère virtuel des plateformes permet de garantir l’anonymat aux utilisateurs et ainsi de tenir des propos inadmissibles sans craindre des poursuites judiciaires. L’impunité joue donc un rôle important, car cet anonymat peut donner un sentiment de protection qui incite certains utilisateurs à la diffusion de contenus violents et haineux. Néanmoins la loi française prévoit des restrictions face à de tels propos et aux utilisateurs qui les publient.

  • Comment affrontez-vous le problème ?

Nous mobilisons le réseau militant pour identifier, tracer, qualifier et signaler les publications et les contenus haineux. Nous sommes souvent sollicités par des utilisateurs de Twitter qui sont choqués par ces publications. Après la qualification du contenu par l’équipe juridique, nous procédons au signalement du contenu. Nous informons les utilisateurs sur les différents moyens de signalement et de lutte contre la propagation de la haine sur Internet. Par ailleurs, il est important d’engager le dialogue, le signalement seul ne suffira pas.

  • Comment pensez-vous que les acteurs associatifs ou acteurs publics, ou privés, devraient agir pour vous appuyer dans votre démarche de lutte contre les propos haineux ?

Il y a un grand nombre de plateformes qui donnent des outils aux utilisateurs pour contrer les propos appelant à la haine. Les associations doivent travailler étroitement sur cette thématique, pour pouvoir échanger leurs expériences, élaborer des campagnes et informer le public sur la responsabilité de diffusion des contenus haineux. Les acteurs privés, ainsi que publics, peuvent épauler les associations à travers leur propre engagement sur les réseaux sociaux en signalant le contenu et en alarmant l’opinion publique sur ce sujet. Les hébergeurs doivent comprendre que l’initiative ne provient pas seulement des associations, mais aussi des citoyens. Chacun a le pouvoir d’agir, chacun porte une responsabilité sociétale pour que l’espace virtuel ne se transforme pas en boîte de Pandore.