Publication 5 juillet 2017

Combattre l’homophobie en ligne, avec Frédéric Jacquet et Jeremy Faledam

SOS Homophobie

Interview de Frédéric Jacquet et Jeremy Faledam, référents de la commission « Biches du net », SOS Homophobie.

Présentez-nous votre association. Conduisez-vous des actions particulières sur Internet ?

SOS homophobie est une association de lutte contre les violences et les discriminations lesbophobes, gayphobes, biphobes et transphobes. Depuis sa création, SOS homophobie travaille autour de trois axes : le soutien aux victimes de LGBTphobies, la prévention auprès des collégien-e-s, des lycéen-ne-s et des professionnel-le-s et le militantisme pour faire avancer les droits et les libertés des personnes LGBTI. Chaque année, nous publions un rapport sur l’homophobie en France et nous constatons qu’Internet est le lieu le plus propice au développement de la parole homophobe, biphobe ou transphobe. Par exemple, en 2016, 22,5% des témoignages que nous avons reçus concernaient des actes ou propos LGBTphobes sur Internet. C’est le premier contexte pour lequel SOS homophobie est sollicitée. Pour répondre à ces sollicitations, nous avons créé une commission spécifique de lutte contre les discours de haine anti-LGBT sur internet. Notre commission « Biches du net » (Brigade d’intervention contre l’homophobie et le sexisme sur le net) est dédiée au traitement des signalements que nous recevons et entreprend des actions pour sensibiliser et alerter sur les dangers des discours de haine.

Comment l’association SOS Homophobie affronte-t-elle le problème des discours LGBT-phobes sur Internet ?

Nous travaillons sur plusieurs axes. C’est important pour nous d’établir un dialogue avec les grands acteurs d’internet (YouTube, Facebook, Twitter notamment) afin de faire remonter les cas les plus graves et de les faire traiter dans les meilleurs délais pour minimiser au maximum l’audience de ces discours. Pour responsabiliser les hébergeurs et les plateformes, nous leur rappelons le cadre législatif. Au-delà de du traitement des signalements qui nous sont remontés par les internautes, nous souhaitons sensibiliser le plus grand nombre de personnes et leur fournir des éléments de contre-discours. Il est important de fournir des outils pour identifier et déconstruire les discours de haine. Enfin, nous apportons un soutien concret aux victimes qui nous contactent (écoute, accompagnement, conseil juridique).

Selon vous, quels sont les dispositifs à mobiliser pour contrer l’homophobie en ligne ?

Il nous semble indispensable de renforcer le dialogue avec les principaux acteurs d’internet qui sont au cœur de ces problématiques et doivent déployer tous les moyens nécessaires pour mettre en œuvre une politique de lutte contre les discours de haine efficace. SOS homophobie tient à ce dialogue et à ces échanges mais ne relâche pas la pression, que ce soit sur le plan juridique ou politique. Ce n’est pas normal qu’aujourd’hui encore on constate une absence d’information claire sur les dispositifs de signalement. SOS homophobie va travailler à sensibiliser et informer le grand public sur les différentes méthodes de signalement. Il faut aussi que le travail fait sur Internet soit accompagné par le travail sur les terrain (irl). Parce que la société doit changer. SOS Homophobie intervient par exemple en milieu scolaire ou auprès des adultes en formation. Nous militons également partout en France pour faire changer les mentalités, grâce à nos nombreuses délégations. Et soutenons les victimes chaque jour.


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