Publication 8 novembre 2017

« Numéro anti-relous » et lutte contre le cyber-harcèlement, avec Clara Gonzales

Coordinatrice force juridique pour la Fondation des Femmes et co-fondatrice de l’initiative « numéro anti-relous »

Interview Clara Gonzales, Coordinatrice force juridique pour la Fondation des Femmes et co-fondatrice de l’initiative « numéro anti-relous ».

Présentez-nous votre association. Quelles sont vos principales actions ? 

La Fondation des femmes est la première structure de collecte nationale pour les droits des femmes. Le prochain évènement de collecte « La nuit des relais » aura lieu le 24 novembre prochain ; plus de 60 équipes qui auront toutes collecté au moins 1000 euros courront en relai durant toute la soirée. La Fondation apporte des ressources financières, mais aussi juridiques et matérielles aux associations de défense des droits des femmes. La Force juridique de la fondation est donc composée de plus de 80 juristes et avocates bénévoles, avec lesquelles nous agissons sur trois aspects : le contentieux stratégique pour faire bouger les lignes de la jurisprudence, le lobbying pour faire avancer les droits et l’arsenal législatif, et la production de rapports pour fournir de l’expertise dans les domaines de l’accès aux droits des femmes.

Menez-vous des actions particulières dans le domaine du numérique, notamment sur le cyber-harcèlement ?

Nous avons développé un pôle d’expertise sur la question des cyber-violences. Nous avons notamment rédigé et fait voter un amendement sur le revenge porn lors des discussions au Sénat du Projet de loi pour une République numérique, qui est devenu un article du code pénal. Nous accompagnons également des militantes victimes de cyber-harcèlement dans le cadre de contentieux stratégiques. Ce phénomène est encore mal connu des policiers et des magistrats, il faut donc agir pour créer des précédents qui permettront de mieux condamner et encadrer ce phénomène. Enfin, nous entamons une réflexion sur les éventuelles améliorations législatives à apporter pour criminaliser des phénomènes nouveaux tels que les « raids » commis sur Internet.

En quoi consiste l’initiative du « numéro anti-relous » dont vous êtes l’initiatrice ? D’où vous est venue l’idée ? Quels enseignements en tirez-vous ?

L’idée nous est venue en voyant passer une initiative similaire aux États-Unis, chez « The Mary Sue« , un magazine de gaming féministe, et nous avons publié vendredi 27 octobre sur Twitter le numéro anti-relou. L’outil est simple : un numéro de téléphone portable à donner à une personne trop insistante qui veut notre numéro lorsque l’on a envie de donner une petite leçon sur le consentement. La personne qui appelle ou envoie un texto à ce numéro reçoit un message automatique qui lui explique que vous ne vous êtes pas sentie à l’aise, et qu’il aurait dû arrêter d’insister une fois que vous avez dit non. L’engouement pour cet outil a été assez phénoménal. Cela montre que les femmes ont envie que l’on s’occupe de ces problèmes qu’elles vivent au quotidien, et qu’on les aide à y faire face. La médiatisation du projet a également attiré l’attention de ceux que l’on nomme à tort « les trolls » du site jeuxvidéos.com, et qui sont en réalité des harceleurs et des délinquants, qui ont tenté de nuire au service et nous ont menacé, insulté… Ils ont tenté de nous faire taire, comme ils le font avec de nombreuses autres féministes, mais notre pari est qu’il n’y arriveront pas, et que la justice fera désormais son travail pour les retrouver et les juger. Ce phénomène doit être pris au sérieux par les pouvoirs publics, car il est grave que, dans un État de droit, une poignée de personnes tentent de faire taire les idées politiques d’autres personnes par des méthodes d’intimidation et de harcèlement.


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