Publication 23 mars 2018

Lutte contre la propagande terroriste en ligne

Alors que le Premier ministre a récemment annoncé le nouveau plan national de prévention de la radicalisation, SERIOUS.LINKS en profite pour faire le point sur la lutte contre la propagande terroriste en ligne. En effet, le recul des organisations terroristes ne se fait pas uniquement ressentir sur les théâtres d’opération, mais également dans la sphère digitale. Cependant, la menace n’a pas totalement disparu. C’est pourquoi les institutions nationales et européennes ne veulent pas s’arrêter en si bon chemin et proposent d’aller encore plus loin dans la lutte numérique.

Le recul de la propagande terroriste en ligne.

Si Twitter était l’une des plateformes privilégiées des terroristes jusqu’aux attentats de janvier 2015, l’entreprise américaine a depuis accentué ses efforts pour restreindre l’impact de leur propagande. Twitter a ainsi annoncé avoir, depuis deux ans et demi, « supprimé 1,1 million de comptes liés au terrorisme« , dont les trois quarts grâce à leur algorithme de détection (parfois avant même que le contenu soit publié). Concernant le nombre moyen d’abonnés à des comptes Twitter djihadistes, « il est passé de 177 en 2014 à 14 seulement aujourd’hui« (En savoir plus). De son côté, Pharos, la plateforme gouvernementale pour signaler les contenus illicites, révèle avoir « reçu  environ 6.000 signalements en lien avec le terrorisme en 2017, soit deux fois moins qu’en 2016 » (En savoir plus). Au niveau de l’Union européenne, on souligne aussi l’amélioration des résultats concernant le retrait des contenus illicites (non spécifiques au terrorisme) après la mise en place du code de conduite en mai 2016. En effet, le dernier monitoring démontre que le taux de retrait des contenus signalés aux plateformes (Facebook, Twitter, YouTube) s’élève désormais à 70 % (En savoir plus).

L’Union européenne et ses Etats membres ne souhaitent pas s’arrêter en si bon chemin.

  • France, Royaume-Uni et Allemagne : pays chefs de file de la lutte au niveau européen. Alors qu’Emmanuel Macron et Theresa May avaient annoncé en juin dernier un plan d’actions franco-britannique pour lutter contre le terrorisme, en particulier sur Internet, les responsables missionnés ont décidé d’inclure l’Allemagne dans les discussions. L’objectif est d’impulser au niveau européen une amélioration des dispositifs, notamment légaux, tout en anticipant les conséquences du retrait du Royaume-Uni (Brexit). La présence des britanniques est en effet jugée indispensable, puisque c’est principalement ces trois pays qui ont permis de structurer la position européenne sur le sujet (En savoir plus).
  • La Commission européenne propose des mesures opérationnelles… Il est à noter que la Commission européenne avait déjà évoqué en septembre dernier vouloir suivre de prêt et accroitre la responsabilité des plateformes du numérique concernant la la lutte contre les contenus illicites en ligne (En savoir plus). Depuis le 1er mars, l’institution  européenne a adopté une recommandation comportant des « mesures opérationnelles visant à accélérer la détection et la suppression du contenu illicite en ligne, à renforcer la coopération entre les entreprises, les signaleurs de confiance et les autorités répressives, et à accroître la transparence et les garanties pour les citoyens« . La Commission a porté une attention toute particulière sur « la protection accrue contre le contenu à caractère terroriste en ligne« . Elle recommande aux entreprises technologiques : « la règle de la suppression du contenu dans l’heure à compter du signalement« , « la nécessaire détection plus rapide par recours aux outils automatisés« ,  « l’amélioration des systèmes de signalement » ou encore « l’établissement de rapports réguliers » (Voir la recommandation).
  • …avant d’envisager de potentielles mesures législatives contraignantes. Dans cette même recommandation, la Commission européenne a précisé être « attentive aux mesures prises pour donner suite à la présente recommandation, et déterminera si des mesures supplémentaires, y compris, le cas échéant, des mesures législatives, sont nécessaires ». Pour ce faire, la Commission met la pression en indiquant que les « Etats membres et les entreprises » devront présenter un premier état des lieux de la mise en application de la recommendation. Elle évoque, à ce titre, un délai de trois mois pour les mesures destinées à lutter contre les contenus terroristes et de six mois pour les mesures visant à lutter contre les autres types de contenu illicite. La Commission annonce en outre poursuivre son « travail de collaboration avec les parties prenantes« , et lancer une « consultation publique sur la question dans les prochaines semaines » (Voir la recommandation).

Pour conclure, mentionnons en parallèle l’initiative du gouvernement britannique qui a annoncé le financement et la mise au point d’un logiciel algorithmique de détection des contenus terroristes. L’intérêt est de le mettre à disposition des modérateurs de sites de petite taille qui n’ont pas les moyens de se saisir de telles technologies. Un intérêt d’autant plus grand que la menace terroriste sur les réseaux sociaux n’a pas totalement disparu et que les terroristes semblent s’être repliés sur d’autres plateformes plus petites ces derniers mois. Cependant, les conditions d’accès à ce logiciel n’ont cependant pas encore été dévoilées.


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