Publication 9 juillet 2024
Python et littérature, avec Nathalie Azoulai
Mon intérêt pour les univers de la littérature et des mathématiques (déjà développé dans mon avant-dernier roman La fille parfaite) me vient de mon parcours et de mon environnement. J’aime parler avec des scientifiques et connaître leurs approches. Leur faculté d’abstraction et leur détachement affectif me nourrissent. Sans compter que la rigueur scientifique complète les nébuleuses littéraires et que les sciences présentent des objets poétiques qu’il est passionnant d’approcher comme, par exemple, l’infini ou le code. Autrefois les savoirs n’étaient pas aussi séparés, et je milite pour qu’on retrouve des passerelles, des zones d’échange et de dialogue.
Ainsi, pour réaliser ce livre sur le code, j’ai choisi des professeurs particuliers et j’ai suivi quelques cours. La logique du code est très particulière et quand on n’y est pas habitué, c’est une gymnastique éprouvante. Je voulais m’y initier pour comprendre l’état d’esprit des codeurs et c’était très stimulant d’entrevoir leurs arborescences logiques, leurs constructions et leurs déconstructions de chaque action, l’extrême séquençage que requiert le code. J’ai commencé par être fascinée par Python, puis j’ai appris quelques éléments de fond qui m’ont permis de comprendre et de rationaliser davantage. C’est toujours bien de cesser d’être fascinée même si on a besoin de fantasmer pour écrire un roman. L’imaginaire qui féconde les personnages et l’histoire se nourrit des deux attitudes.
A priori le monde de la littérature et le monde du code n’ont rien à voir l’un avec l’autre mais un esprit littéraire est toujours capable de construire un imaginaire à partir d’un objet scientifique il me semble. Dans l’autre sens, ce peut être utile aux codeurs de comprendre comment réfléchit un écrivain. Je trouverais utile voire indispensable qu’on initie tous les enfants à la logique du code et de l’algorithme, autant qu’à la grammaire, puisque l’avenir du monde repose là et beaucoup des métiers actuels et futurs.
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